‘The classification of the constituents of
a chaos, nothing less is here essayed’
Herman Melville, Moby Dick



16.

La psychanalyse la psychologie les superstitions démocratiques de la République, l'identité la mémoire conneries. Le méchant phallus qui fait de toute baise un viol laissez-moi rire, j'en pisse, il faut vraiment se vautrer dans l'extase d'être une victime anhédoniste pour se laisser penser ça… Moi je sais ce qui est au fond de moi, pas domestiquée. La pénétration ne peut pas être fondée sur l'agression, le couteau dans la plaie, parce que la baise est bien antérieure à l'outil et son utilisation… Et même les souris baisent et que je sache ces petites riens n'en sont même pas au stade du cran d'arrêt. Non, s'il faut remonter au schéma primordial, c'est évidemment l'assimilation qui est l'acte d'agression, parce que bouffer c'est bien plus vieux que baiser, les poissons se bouffaient entre eux bien avant que personne n'ai l'idée, l'utilité ou l'envie de foutre une bite dans une chatte…

Alors du coup le coup du vagin accueillant la bonne blague, le modèle originel c'est bien la gueule avide… Mais attention, ça ne fait pas de madame quelqu'ogresse pré-humaine, parce que c'est juste une similitude et qu'on est pas de ces imbéciles crédules qui confondent analogie et identité… Baser son rapport au réel sur des équivalences formelles est bon pour les troglodytes superstitieux ou de ces imbéciles idolâtres du symbolisme qui cherchent tous les moyens de ne pas avoir la responsabilité de penser…Parce que si la pénétration est avant tout un élan de la force vitale, cela ferait de mon usage fantasmé de la lame un acte d'amour élémentaire et ce n'est pas l'amour qui m'étouffe, aujourd'hui moins que jamais. Ce gros con de flic (on a dit que c'est un meurtrier en cavale, voire un terroriste – un genre de démon de l'enfer donc –, mais un flic est un flic et les gangsters sont des genres de flics au service de la propriété) ne m'aura pas.

De toute façon j'ai repassé une ou deux frontières fantaisies, fait un tour ici et là, trop froid, trop cool, là je suis où tout avait commencé, j'ai même été contrôlée par la volante qui cherche des mauvais Européens – des Européens du mauvais côté, mais ils y en a de moins en moins, entre temps, etc. Moi citoyenne de la République j'ai mes papiers, fille de bons esclaves de la République depuis cinq générations, nonobstant les tracasseries administratives habituelles, un nom mal francisé phonétiquement qui ne veut rien dire et m'exclut de toute communauté – sauf imaginaire. J'ai vu mon Mère et ma Père – ils regardaient la télé, il y avait les informations et un film et ça pétait dans tous les coins – ils vont bien, maintenant ça va être possible d'aller mourir au bled sans se faire tuer et ils y pensent, ils y pensent. Je leur ai apporté des billets de Loto et de Gratt-O-Gratt, ils ont perdu, ils étaient contents.

La ligne droite n'existe originellement que dans le tranché, la géométrie naît du couteau... Tracé de vie et d'amour fait dans la chair par la lame première d'où naîtront l'art, les mathématiques, l'ingénierie, l'architecture, les artifices qui font de l'homme plus que la bête – au moins deux bêtes… Les premiers cubes ont été de viande. C’est plus facile à travailler. La bite c’est bien avant l’homme, c’est très prétentieux d’imaginer que. De toute façon les animaux n’ont jamais vraiment envie de baiser. C’est toujours un peu malgré eux – ils préféreraient manger ou dormir au chaud. Du coup baiser ça doit être impérieux pour l’homme sinon il oublierait – avec tout ce qu’il a à faire : épater les collègues au boulot, nettoyer sa voiture, essayer d’être plus intelligent que le dernier téléphone portable – en sachant que le prochain ne lui laissera pas cette chance… Alors le phallique, c’est un truc inventé pour le stimuler un peu, lui faire croire qu’il y a un peu de profondeur dans sa triste lubricité. Au lycée il y avait Freud au programme de philo (trois heures par semaine, moins les ponts et les grèves – de lycéens, on a sa fierté), mais Freud sans pouvoir parler de sexe, euh, c’est encore moins intéressant. Mais bon je me suis intéressée quand même parce que c’était bizarre et j’ai lu des livres à la bibliothèque. Il y a plein de trucs qui ne vont pas. Bon il y a aussi des livres sur les trucs qui ne vont pas mais ils vont plutôt rajouter dans la confabulation mais moi ce qui me défrise c’est que pépère il a aurait dû regarder une chatte avant de décréter l’absence… À mon humble avis cette vieille tarlouze a fait son éducation en regardant les statues de dames toutes nues sur les palais viennois – qui elles ont vraiment l’entrejambe lisse, vu comment les empires bourgeois à la virilité déclinante faisant la surenchère dans l’Hercule gonflé et couillu avaient des imaginations de chambrées de tapettes qui ne peuvent jouir que si leur Papa barbu leur donne la fessée.

Et puis les couches, ça manque dans la psychanalyse les couches. Les lardons ont le zizi sous clés jusqu’au stade machin, pourquoi c’est pas dans la théorie, ça, ça m’échappe. Pas dû changer souvent des couches Sigmund et ses copains, pipi et caca y a ceux qui en parle et ceux qui ont les mains dedans – dont ceux qui n’ont rien demandé mais se retrouvent avec une smala de petits frères et le devoir sacré de fermer leur gueule et de faire ce qu’on leur dit, à commencer par torcher leurs futurs oppresseurs. Ils n’étaient pas à la maison eux, trop occupés à s’intégrer ou se désintégrer selon la tendance, se jean-christophiser ou se mouloudiser (mais pas de barbus dans la famille la mère a dit, ils ont tué tout le monde au bled). Je parle trop aujourd’hui, je sais pas.

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à suivre...